ABC de KF / MP - [Arzon, 16 août 2008]




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16 août 2008



Etaler les notes anciennes. Retrouver un ordre. Chercher un ordre parmi l’ensemble des feuilles. Un ordre à donner à l’ensemble des feuilles. Un ordre à retrouver. Un ordre à donner. Des feuilles au sol, comme un jeu de cartes. Comme une réussite. Des feuilles de différentes tailles. Deux tailles différentes. Un rapport de proportions. Le lieu, c’est mental. Le lieu, c’est réel. Ouvrir la porte. Aller respirer l’air dehors. Arriver de dehors et entrer. Etre dedans et aller dehors. Ouvrir la porte. La pause cigarette. Ceux qui fument. Les traces des pas, les traces de l’extérieur, les traces à l’intérieur. Ce que tu ramènes de l’extérieur quand tu marches à l’intérieur. Les empreintes de tes pas. Pluie. Cendre. Poussière. Tester la lumière. Prendre possession de l’espace. Toucher l’espace. Le sol. Regarder l’espace. Les objets. Toucher. Regarder. Les quatre coins de l’espace. Les quatre coins de la délimitation de l’espace. L’infinité des points dans l’espace. 26 points dans l’espace. Un alphabet. Le point de départ. Le premier point. La première lettre. Celle, celui, que tu vois : en premier. Là où tu t’ancres pour à partir de là partir. Le deuxième point. A côté de tel objet. Etre à côté d’un objet. Faire couple avec l’objet. Par la proximité, par la distante. Contact avec l’objet. Toucher l’objet. Tester les objets. Avec les souvenirs de gestes déjà exécutés ailleurs dans d’autres temps. D’autres lieux. Des gestes qui reviennent. Explorer : découvrir et reconnaître. Ne plus savoir comment continuer. Aller lire sur les feuilles. Regarder l’espace. Cette porte. Cette perruque. D’abord l’espace par la présence, puis par les mots. Les feuilles présentes, là, les notes d’avant. Les gestes d’avant. Ce qui concorde avec le présent, avec le lieu présent. Les objets comme des jouets. Le plaisir, la joie d’essayer. La difficulté d’inventer. D’écrire. De coordonner. Et là, tu te retrouves à côté des feuilles sans l’avoir décidé : quel mot lis-tu qui t’entraîne ou te rappelle ou te ramène ou te projette vers. Tu procèdes à une expérience sur toi-même. Tu retournes la table et ce que nous découvrons : tu le cachais, tu nous le cachais, maintenant tu nous le montres, c’est avec ce que tu cachais, avec ce que tu nous cachais, maintenant, c’est avec ça maintenant que tu joues. Tu crées le début d’une nouvelle séquence en déplaçant le meuble, l’objet, et en montrant ce que nous ne voyions pas : une nouvelle image. C’est qui ce pantin que tu cachais et maintenant que tu montres. Mais réveille-toi, vas-tu te réveiller, pantin mort. Les mêmes gestes maintenant nous les voyons de l’autre côté. Et lui le pantin : qui ne bouge pas. Lui qui nous regarde et toi qui te cache de l’autre côté. Et ce que tu nous cachais, maintenant nous regarde. Et la parole derrière le guichet, et toi invisible derrière, cachée derrière, la parole, alors, comme venant de loin : en allemand, oh, mon autre langue, oh, paysage premier. Ignorer le pantin. Faire comme s’il n’était pas là : et : il est là. Tout faire deux fois. Nommer l’espace dans l’espace. Nommer l’espace avant le réel. Nommer l’espace après le réel. Nommer l’espace dans le réel. Voir les gestes sans la conscience de l’existence du pantin. Faire les gestes avec le pantin à vue. Refaire les gestes avec à nouveau le pantin invisible mais désormais nous savons qu’il est là. Jusqu’à ce que nous l’oublions, le pantin. L’oubli. Le souvenir. Oublier = possibilité de la venue. Quand nous l’avons oublié, alors il peut venir. Il vient. Vous venez. La rousse : l’incarnation-femme du pantin.