ABC de KF / MP - [Arzon, 19 août 2008]




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19 août 2008



1. Il se cache. Il dort encore. Il se cache. Il a peur. Tu laisses des traces au sol. Tu l’habilles. Tu habilles le pantin. Tu regardes le pantin. Tu touches le pantin. Tu prends le pantin dans tes bras. Si tu ne bouges pas il ne bouge pas. Tu es responsable de son mouvement. Tu réponds de son mouvement. Dormir avec lui. Dormir sur lui. Mettre ses pieds là où tu as mis tes pieds. Allonger son corps là où ton corps fut allongé. Le redresser. Il vole. La fluidité de ses mouvements. Les tiens : vifs. La différence. Il est le mouvement fluide s’opposant à tes mouvements vifs. Se souvenir : à travers un autre corps. Donner à un autre corps les gestes dont tu te souviens. Donner à ton propre corps les gestes dont tu te souviens. Montrer à l’autre corps les gestes, tes gestes, pour qu’il se souvienne. Montrer à ton propre corps les gestes, tes gestes, pour qu’il se souvienne. Refaire = se souvenir par le geste. Tu te souviens par ce que ton corps te fait refaire. Te fait revivre. Te souvenir te fait revivre. Tourner, jeter ton corps dans tous les sens, regarder le vide depuis tous les points possibles. La question du vide. Equilibre entre vertige et repos. Equilibre entre jouissance et destruction. Cercle. Yannick Haenel. Se toucher le corps. Vérifier son existence. Le mettre en mouvement. L’animer. Les gestes que tu fais au guichet. Les mêmes gestes avec ou sans le pantin sur le guichet. Le geste, avec le bras tendu et la main tendue sur le guichet, ce geste sans le pantin trace une ligne, un axe. Sur le pantin, ce même geste découpe le corps du pantin. Découper l’espace. Découper un corps. Découper ton corps. Les gestes que tu fais avec le pantin. Les gestes que tu lui fais faire. Les gestes que tu fais sur le pantin. Tu peux bouger sans lui. Il ne peut pas bouger sans toi. Faire les mouvements. Etre dans le mouvement. Les mouvements que tu fais. Faire faire les mouvements, au pantin. Te faire faire les mouvements, à toi. Préparer une perruque : tu vas mettre au pantin la perruque, tu marches vers lui et non, tu te la mets à toi, pour toi. Regarder où il regarde. Regarder, et le faire regarder là où tu as regardé. Te faire regarder là où tu as déjà regardé. Te faire regarder là où il a regardé. Te faire regarder là où tu l’as fait regarder. Regarder ailleurs. Faire. Faire faire. (Re)faire ce que tu lui as fait faire. Re-garder ce que tu lui as fait garder. Et maintenant, tu fais quoi. Tu regardes quoi maintenant. Tu gardes quoi. Les paroles, adressées au pantin, assis sur la chaise. Les mêmes paroles, toi assise sur la chaise et t’adressant à toi-même les mêmes paroles. Un partenaire dont tu es responsable du moindre des gestes. Un double à l’extérieur de toi. Deux perruques. Pour quelles têtes. Combien de têtes. Combien de têtes = combien de corps. Animer le pantin, toi à vue avec lui. Animer le pantin, toi cachée – derrière le guichet. L’arrière du guichet, comme le lieu du caché. Deux perruques = quatre têtes. La tienne, celle du pantin, et les deux têtes absentes sous les deux perruques tenues à bout de bras. Quatre corps. Un seul. Tu es seule. Vous êtes quatre. Nous sommes quatre. Il n’y a personne : le guichet bouge tout seul. Le guichet se retourne : il y a vous deux chacun dans une case. Toi et le pantin. Il y a deux cases sous le guichet. Il n’y a que toi. Tu animes le pantin avec tes mains. Tu l’animes avec tes pieds. Les postures que prend ton corps dans cette animation du pantin avec les pieds. Des postures que l’on retrouverait dans la danse, sans lui. Une danse sans lui qui serait composée, traversée par les postures qu’a pris ton corps lorsque tu l’animais.


2. Sauter par dessus son ombre. Quand tu pointes le guichet avec ton bras tendu, ta main tendue : tu pointes aussi là où est le pantin, dans sa case. Il y a deux cases sous le guichet. Quand tu danses avec lui et que tu pointes le guichet avec ton bras tendu, ta main tendue : tu lui pointes là où il était : là d’où vous venez : lui et toi, tous les deux, vous venez du même endroit : vous venez de là tous les deux. Il y a deux cases sous le guichet. Quand tu parles au pantin c’est à toi que tu parles, pas à lui. Tu le regardes, mais c’est à toi que tu parles, ou à une autre personne à laquelle tu penses alors (déterminer laquelle, dans ce cas). Ce mouvement bras tendu, main tendue, lorsque la main disparaît sous le guichet, le bras reste tendu, c’est le même mouvement qui tient, tu recules, en fait c’est un autre mouvement : car maintenant tu tires le pantin avec toi, tu l’extraies de dessous le guichet. Le pantin au sol, tu lui parles, tu lui égraines les actions à faire, le texte des ‘’tu’’. Le texte des ‘’tu : ce que tu fais, ce que tu lui fais faire. Quand tu glisses de ce que tu dis et lui fais faire, à ce que tu fais et que tu dis que tu fais. L’écart entre ce que tu fais et ce que tu dis. Entre ce que tu fais et ce que tu lui fais faire. Ce que tu lui fais faire : sur toi (tu caresses, tu touches). Ce que tu lui fais te faire. Et le pantin, au sol, tu lui parles, tu lui égraines les actions à faire, des ordres (un désordre ?), et lui, immobile, au sol, et toi alors qui prend en charge de faire et de réaliser les actions : seule réponse honnête. Et le pantin, derrière le guichet, on ne le voit plus et tu lui parles, tu regardes là où il est, tu lui égraines les actions à faire, les ordres, le programme. Tu parles à l’absent qu’il te faut. Il est l’absent qu’il te faut. C’est à toi maintenant. C’est à toi que tu parles. C’est à toi maintenant. C’est à toi d’entrer dans l’action. C’est à ton tour. C’est ton tour. Ton tour de danse. Maintenant.


3. Objet-obstacle. Acteur-poupée-guignol (avec la rousse). Objet-surface de projection. L’impuissance, l’incapacité. Elever l’impuissance à l’impossible. Faire. L’assistante bilingue, bis, double. Objet obstacle, le trouble l’obstacle. Pulsion : deux fois celle du cœur. Le trouble, l’obstacle. Est-ce que tu franchis plus facilement le trouble. Le trouble de l’obstacle. Tu remontes aux origines. La difficulté de l’apparition du pantin. Son apparition est un événement. Toute apparition est un événement. L’événement : ce qui arrive. C’est l’autre nom de l’impossible : ce qui arrive : l’événement. A quel moment et pourquoi il arrive : le pantin. Quelle décision que tu prends motive que tu le fasses venir. Car il ne vient pas : tu le fais venir.