ABC de KF / MP - [Rennes - novembre 2007 (2), 31 janvier-1er février 2008 (1)] - [Arzon - 17-18 août 2008]



Novembre 2007 [2]




Un œuf pondu. Ça couve. Un film. Ça court. Durant toute la projection du film, il y a un œuf, dans un coin de l’image, et à la fin du film : l’œuf éclot. Et le chapitre est clos. Vient le suivant. Une jonction = le présent. Travailler avec les matières anciennes. Digérer la matière ancienne. Développer des matières non-développées. Porter des perruques. Les sortir de leur emballage. Les essayer. Qu’est-ce que ça me fait de le faire. Qu’est-ce que ça me fait de te voir. Dans ces vêtements. Dans ses vêtements. Avec son sac. Sur sa chaise. Sur ta chaise. Sur ma chaise. Avec mon sac. Avec le tien. Le solo. Ce personnage. Est-ce que le solo c’est le personnage. Un personnage. Ma vie. Une voiture. Une vie. Une écriture. J’écris ma vie - en voiture ? J’écris ma vie comme je conduis une voiture. Je suis au volant d’une voiture. Etre au volant : de ma vie. Avec des cartes. Avoir. Avoir des cartes. Avoir les cartes en main. Lire des cartes. Ecrire des cartes. Donner des nouvelles. Vivre dans sa voiture. J’ai un volant dans les mains, c’est ma vie. J’ai un volant très spécial, c’est lui qui fait la route. Liberté. Fraîcheur. De m’approcher. D’une matière inconnue. D’une manière insouciante. Insoucieuse. Insolente. Pas trop teinté d’hier. Tintinnabulant devant, vers devant. Avec pour aller dans l’espace avec moi : un homme calme. Et pouvoir très librement, très rapidement, passer avec lui d’une matière à une autre. Deux matières qui n’avaient rien à faire l’une avec l’autre, avant ce passage, deux matières qui ne faisaient rien l’une avec l’autre, avant ce passage, deux matières qui ne se connaissaient pas, avant ce passage. Le pouvoir. De ce passage. Le concret. De ce passage. D’une matière à une autre. Non la transformation de l’une en l’autre. Mais l’instauration d’un rapport de l’une avec l’autre. Porter la matière : à ébullition. Matière : en fusion. Transporter une matière. Transporter une matière en fusion. Passer : de la matière à l’objet. Passer : de l’objet à la matière. Un homme, jeune. Un rêve de rencontre. Des gens que tu ne connais pas du tout. Un solo avec un mannequin. Est-ce que ça devient un duo. Et cet homme calme, jeune, avec moi. Est-ce qu’on devient un duo. Un pantin, sans identité. Comme un gros doudou pour bien dormir la nuit. Comme le retour d’un corps d’un autre temps : et la vie, aujourd’hui, je vais lui donner vie. Si je suis en vie, tout vit. Si je suis en vie, je vois la vie. Je n’ai plus besoin de vivre : je vis : tout vit. Je sens tout comme étant vivant. Une relation de je et de tu. Une présence. Un objet. Un espace. Une cabine. Un guichet. Avec une grosse vitre. Entre toi et moi. Une grosse vitre entre toi et moi mais on se voit. Un espace entre toi et moi, une distance entre toi et moi, et la marche de moi vers toi qui réduit cet espace. Et les corps, séparés. Par la distance, par la vitre. L’autre corps est de l’autre côté de l’espace, à l’autre bout de la distance, ou derrière la vitre, là, comme dans une vitrine. Je suis dans la vitrine. Je me montre. Tu es dans la vitrine. Tu. Vous êtes dans la vitrine. Vous. Nous : sommes tous dans la même vitrine. Nous ne sommes pas au même endroit. Moi, je suis dehors, regardez. Nous sommes tous dans la vitrine. Nous : regardons tous dans la même vitrine. Nous sommes tous : un guichet. Un espace. Une exposition. Je suis un guichet. Un espace. Une exposition. Je suis dans un guichet. Dans un espace. Je m’expose en cet espace à des radiations. Je t’expose à mes radiations. Est-ce que tu es prêt. C’est parti. A, B, C. Lever de rideau. Intérieur, extérieur. Chorégraphe et interprète. Dedans, dehors. Non pas : voir ou ne pas voir. Mais : quel rapport entre intérieur et extérieur. Quelle porosité. Non pas : ‘’être / ou ne pas être / là est la question’’. Mais : ‘’être / ou ne pas / être : là est la question’’. Jouer avec le micro. Avoir un objet dans la main. Avoir la voix séparée du corps. Avoir un corps amplifié, c’est quoi. Etre dans un espace dans lequel tu n’entends pas, c’est quoi. ‘’On ne t’entend pas’’. Est-ce que tu peux répéter s’il te plaît, je ne t’entends pas. Il répète. ‘’On ne t’entend pas’’. E st- ce que tu peux répéter s’il te plaît, je ne t’entends pas. Il répète. ‘’On ne t’entend pas’’. Est-ce que tu peux répéter s’il te plaît, je ne t’entends pas. Il ne répète pas. Il dit autre chose. ‘’On ne t’entend pas’’. Est-ce que tu peux répéter s’il te plaît, je ne t’entends pas. Il dit autre chose. ‘’On ne t’entend pas’’. Est-ce que tu peux répéter s’il te plaît, je ne t’entends pas. Il fait quelque chose. Un espace : où tu viens pour parler. Un espace : où ta phrase à dire c’est par le corps que tu vas la dire. Par le geste. Une action. Un acte. Un espace. Un espace à l’écart : où tu parles au micro. Je ne t’entends pas. Je fais un espace. Je fais mon espace. Tu. Fais un espace où tu viens proche de nous et où tu parles sans micro. Ce qui compte c’est : tu viens proche de nous. Le voilà le geste. La voilà l’action. L’acte même. Et là, est-ce que tu m’entends. Me faire entendre. Me faire, oui. Faire. Et tendre. Vers l’infini. Tendre. Vers la proximité la plus proche de l’autre et sans jamais atteindre l’autre jusqu’à m’y perdre. Tendre. Etre tendre. Très tendre. Etre. Et tendre. Au-delà du contact, c’est quoi. La pénétration. Au delà de la pénétration, c’est quoi. Juste avant le contact, c’est quoi. Je. Te regarde. Je ne cesse pas de m’approcher. J’établis. Une forme. Une forme par la distance et par l’approche. Une forme telle que forme et pensée ne feraient qu’un. Espace. Face. A. Un public. Un. espace. Dans. Un espace. Etre. Dans un espace. Publique. Je suis : dehors, à l’extérieur. Je marche dans les rues. Je suis au volant de ma voiture. Je suis derrière les vitres. Je suis à la poste, derrière le guichet. Je te rends les services pour lesquels mon emploi a été pensé. Je pense mon emploi. Je passe à tes cotés. Je regarde avec toi derrière le guichet. Je marche avec toi dans la rue. Je suis seul au volant de ma voiture. Je suis derrière la vitre. Je retourne derrière le guichet. Je te vois. De l’autre côté. Tu me regardes. Là, d’où tu me regardes, avec toi j’ai vu. Avec toi là tout à l’heure j’étais là. Nous inventons une forme. Dans le silence. Maintenant. Nous sommes à l’heure maintenant de la première visibilité. Nous sommes au mois de mai. Nous sommes en novembre. Nous sommes en août. Le nom de la ville est écrit sur les panneaux à chaque entrée de la ville. Si tu entres dans la ville par les routes, tu vois les panneaux. Si tu entres par les chemins, tu apprends autrement le nom de la ville. Les mots. De l’ABC. Nourrissent les contours du personnage. Les contours du personnage. Entrent dans l’ABC. Empruntent à l’ABC. Les contours du personnage. Sont les mots de l’ABC. L’avion dans le ciel. Est en boucle, il attend. L’avion dans le ciel. Il attend d’atterrir. Il attend sa place. Au sol. Il va prendre sa place. Au sol. Tu vas prendre l’avion. Tu vas prendre une place. Tu attends. L’avion tourne en rond. L’avion tourne en boucle. Warteschleife. L’avion attend. Tu vas traduire la boucle. Tu vas traduire l’attente. Tu vas établir. Le point de contact. Entre l’attente et la venue. Tu vas établir le point de contact. Entre la terre et le ciel. Le point de contact entre la terre et le ciel, c’est quoi. Le point de contact entre deux langues. Entre deux corps. Le point de contact entre une langue et un corps. Le point de contact entre le ciel et la terre. C’est quoi. Une langue : étrangère. La preuve : s’écrit dans une autre langue. Quelle preuve. Une épreuve ? Un c adeau. Une présence muette dans la parole. Une présence muette s’avançant et prenant la parole. Elle dit le point de contact entre deux matières. L’ENVIE DE PRENDRE LA PAROLE. JE ME SUIS TROP TU. Contact : prendre contact. Mettre le contact. Ecrire.




31 janvier - 1er février 2008 [1]


Un tapis de danse. Un tapis de son. Tu parles à l’homme jeune et calme qui tapisse l’espace de son. Tu es dans une boîte de nuit. Tu es dans un studio. Sur un tapis de danse. L’espace est un tapis de son. Tu marches dessus. Tu marches dans la rue. Tu entres dans la p oste. Tu ne franchis pas le trait au sol. Tu n’entres pas dans la zone de confidentialité. Tu entres dans l’image que filme la caméra de vidéo-surveillance. La caméra de vidéo-surveillance a remplacé la vitre qui sépare les corps. Tu marches dans un endroit couvert, un lieu public. Il y a du passage. Tu inscris tes pas dans un lieu de travail autre que le tien. Tu te glisses là : dans un autre que le tien. Tu marches à la place du travail de l’autre. Tu penses à la place du travail de l’autre. Tu penses un autre travail. Tu penses ton travail : en la place du travail de l’autre. Tu penses à la perturbation qui en résulte. Tu avances dans la perturbation qui en résulte. Me mettre. A la place de. Non. Pas à ta place. Me mettre à ma place. La trouver. Va te mettre à ta place. Je vais. Prendre ma place dans le travail. Monde. Dans mon travail. A coté de. En face de. Me mettre à la place de. Non. Prendre la place. Traverser la place. Traverser le travail. Traverser le monde. Et. Etablir. Un rapport. De ta place. A ma place. Là. Place du spectateur. Là. Place du travailleur. Là. Place de l’esclave. Là. Place du démocrate. Là. Place. De la république. Mon travail ? M’inscrire dans un corps où le corps dit la place qu’il cherche à prendre en rapport au tien. Assistante. Bilingue. A votre service. Je traduis. ET d’une langue vers une autre. ET de deux langues vers un corps. Mon travail. S’inscrit dans deux langues où la parole dit par le corps, et traduit le rapport de mon corps à ton corps par deux langues. Une langue : où la parole demande au corps. Parle, dis-je au corps, parle. Et le corps traduit la parole et traverse la place. D’une langue l’autre. D’un espace l’autre. D’un corps l’autre. Et. Il y a un seul monde.

Commencer l’action derrière le guichet. Côté travail. A la table. De travail. Passer par dessus le guichet. Passer par dessus. Par dessus le travail. Et te rejoindre. Commencer l’action. Derrière le guichet. Commencer l’action du travail. A la table. Et passer par dessus. Par dessus le guichet. Passer par dessus le travail. Et te rejoindre. Passer par dessus le travail. Et me rejoindre. Reprendre vie. ‘’C’est maintenant qu’il faut reprendre vie’’. Prendre vie. Se la donner. Danser sur le guichet. Danser de l’autre côté. Comment passer. De l’autre côté. Une vitre. Une caméra. Je suis l’espace clientèle. Je suis l’espace public. Je suis l’espace du regard. Je suis l’espace qui travaille. Je suis l’espace qui te travaille. Je suis l’espace qui de mon espace au tien tisse un lien pour dire je viens. Mais dis-moi. Comment es-tu arrivé ici. Pourquoi y restes-tu. Quoi. T’en ferait partir. Et maintenant, tu fais quoi. Maintenant. Tout le monde. Est là. Est-ce le monde, là, ce que je vois. Est-ce que le monde, là, chante avec moi. Si je reprends vie, le monde, je chante avec lui. Si j’invite les gens qui sont là. A participer. A chanter. A danser. A faire une pause. Avec moi. Tu fais quoi. ‘’Ceux qui vivent ici sont d’ici.’’ Si je reprends vie : je suis avec ici.

Je suis un trajet, une information, un départ, un prochain, un point de rencontre (1. un point de rencontre ; 2. pas de rencontre (pas : 1. un pas de danse, un pas pour la marche ; 2. ‘’not’’) (une note)). Je suis un bâtiment publique. Je suis la poste centrale au cœur de la ville. Je suis un poste de sécurité. Je suis un centre de la sécurité sociale. Je suis au centre de la sécurité sociale. Je suis au centre du h all de la gare. Je suis une voie de chemin de fer. Je suis au centre d’un réseau de flux qui me traverse. Je suis un cent re commercial. Je suis une galerie marchande. Je suis une gare routière. Je su is un rail entre deux gares ferroviaires. Je suis un lieu marqué par ce qu’il trava ille. Je suis un lieu marqué par ce que je travaille. Je marque le lieu. Par ce qui me traverse. Par ceux qu i me traversent. Par ceux qui viennent en moi travailler. Par ceux qui viennent en moi se mettre en lien avec ce que je travaille. Je suis un lieu. Je suis un lien. Je suis le commerce, le trajet, le centre d’information pour la jeunesse. Je suis un métier. Je suis une formation. Je suis la for me qui vient tissant le rapport de ton lien à mon lien et j’interroge les présences : demain : tu veux quoi pour demain. Tu fais quoi, demain. Tu fais quoi, là, maintenant. Je parcours : l’espace de la ville. Je parcours : l’espace de mon corps. L’espace de ma vie. Ce monde. Nos vies. Je tiens. Je joue avec les objets. Je tiens. Je bâtis des fondations. J’ignore : quelle forme aura l’objet dont je bâtis les fondations.


[17-18 août 2008]