ABC de KF / MP - [Rennes, 21 avril 2008 - 25 avril 2008] - [Nantes, 29 octobre 2008]



21 avril 2008 - 25 avril 2008



L’espace par une seule ligne. On joue le 22 et le 23. Une fois le 22, deux fois le 23. A 15h00 à la poste. A 14h00. Aux environs de 20h00 au Triangle. Silencieux = normal. Miroir = normal. Langue = français. Autoportrait : face à la caméra. Table, chaise, micro, mur, porte. Projeter le décor. Projeter un dessin du décor. Un dessin du décor sur un tissu. Sur un voile. Vois le voile. Voir. Voile. Voix. Voie. Aboyer. Bégayer. Articuler. Comprendre. Lettre à lettre. Mot à mot. Avoir à la fois le vrai décor et l’image du décor. Avoir un corps. Décor. Avoir d’abord une image. Un dessin. Avoir un dessein. On voit d’abord une représentation. C’est l’imagination dis-tu : l’imagination d’un lieu désiré réel. Un lieu existant ou pas. Tel objet présent sur le dessin je ne le trouve pas dans le réel, je le cherche dans le réel cet objet qui était sur le dessin, pourquoi n’est-il pas dans le réel. Tel objet présent dans le réel n’était pas sur le dessin. C’est quoi cet objet réel présent que je n’avais pas imaginé, j’en fais quoi. Ecran. Faire écran. Rideau. Ecran, devant. Rideau de douche. Etre nu derrière le voile, toujours. Dessin réel. Imaginaire. Réel. Et le souvenir, il est où ? J’ai fait connaissance avec un ventilateur à pied. Dis-tu. C’est réel. C’est imaginaire. C’est un souvenir. Ça me fait penser à. La poupée. Le pantin. Un objet qui voyage. Le ventilateur : un objet qui voyage. Le vent. Le large. Prendre le large. Les cases. La narration. Les séquences. Le ventilateur. Le radeau. Du vent pour la voile du nouveau bateau. Construire une voile. Un voile. Une voile. Vois. Voie. Voix. Les yeux. Le corps. La parole. L’image, la vidéo, pour un autoportrait, pour projeter des images d’objets, pour projeter des mots blancs sur fond noir jusqu’à saturation au blanc. Pour aller de l’écran blanc jusqu’à un mot seul qui reste. Sur l’écran : un mot seul, d’abord, puis d’autres s’inscrivent, jusqu’à saturation au blanc de l’écran, puis les mots se désinscrivent, et reste à la fin un mot, seul, et autre. D’un mot d’origine à la saturation au blanc par l’accumulation de mots jusqu’à la disparition des mots et jusqu’au seul qui reste. Un autre mot. Voyage de l’origine à l’autre. Une case avec Stéphane. Une case vidéo (image). Stéphane : le réel absolu. Qu’est-ce qui est raconté par la profondeur. Qu’est-ce qui est raconté par la latéralité. Plan, ou case. Une énergie, un mot qui traverse le corps et qui essaye de sortir. Voyage à l’intérieur du corps. Envie, besoin d’écrire un texte par séquence, par lettre, qu’il soit dit ou pas, qu’il existe. L’énergie, la phrase, dans le corps, elle a besoin de trouver son trou de sortie, elle se cogne aux parois du corps à l’intérieur. La phrase, l’énergie, a besoin de se constituer, d’être constituée pour enfin pouvoir sortir. Quelle est cette phrase, en rapport avec la naissance. Cette énergie qui demande à sortir du corps, la venue au monde d’un autre corps par ton propre corps. Ecrire. De mon propre corps. Ecrire mon corps. L’écriture. Envie, besoin, de fixer des textes pour les séquences. Est-ce trop tôt. Nécessité de savoir s’il y aura du texte en mai à Agitato. S’il y a du texte sera-t-il appris ou sera-t-il soufflé, dit, ou lu par moi comme à Berlin et repris en impro par Katja. Ou alors pas de texte pour le mois de mai. L’envie, le besoin, d’écrire un texte associé à chaque séquence. Ecrire des textes, associés au séquence une fois qu’elles sont définies et une fois qu’un mot, un titre, leur a été attribué. Ecrire un texte avec, alors. Prendre des vacances, face à la nécessité de dire, ou de faire. Etre sans plus se soucier des à dire, des à faire. Une énergie, un mot, qui traverse le corps et qui essaye de sortir. Voyage à l’intérieur du corps. Un parcours pour sortir. Quelque chose essaye de se dire qui est dit plus tard. La description de cette chose qui n’arrive pas à sortir, qui monte, qui retombe, qui parcourt, qui remonte, qui recule, qui absorbe. Le corps parcouru par ce mot, par cette énergie. Un texte qui dit ça, qui le dit plus tard, après le temps de l’expérience de ça vécu par le corps. Ça. Commence. Ça. Commencerait. Ça. Commencera. Assis. Assise. Là, assise, dans ton corps il y a un mot, une énergie, quelque chose qui essaye de sortir : là, ton corps va se lever. A. A. Avec. A. A. Assistante. B. B. Berlin A. A. Alexanderplatz. Bé. Bé. Ça tient. D. Di. Dissocier le temps de la Tanz et le temps de ‘’ça tient’’. Une énergie, un mot, une phrase, qui essaye de sortir, qui essaye de s’inscrire. De s’écrire. La naissance. Du mouvement. La naissance. Un peu au-delà. La vie-même. Sauter au-delà. Sauter à pieds joints. Dans la vie-même. Souvenir de la cour de l’école. Un deux trois soleil. Paradis enfer. Ciel terre. La craie au sol. Les dessins à la craie au sol. Pour jouer. Des cases pour jouer dans ce monde sans case. Vaste. Où mettre les pieds. La lumière du vidéo-projecteur et les ombres créées par les objets devant, le jeu entre l’ombre, les ombres, et les dessins de l’image. Les ombres dialoguent avec le dessin, intègrent le dessin, sont du dessin. C’est dans le corps, ça le parcourt, ça le gonfle, ça le soulève, ça finit par danser, ça écarte, ça pose, ça tombe, ça tourne, ça tousse, ça tance, ça tonne, ça ferme, ça plic, ça recule, ça tourne, ça penche, ça tend, ça soulève, ça rejoint, ça touche, derrière, ça surgit, ça s’intensifie, ça courbe, ça secoue, ça égrène, ça revient, ça reconnaît, ça repart, ça touche, ça tient, ça genouille, ça écarte, ça tourne, ça frappe, ça tournoie, ça cercle, ça enjambe, ça cambre, ça talonne, ça cale, ça saccade, ça séquence, ça coude, ça frappe, ça nomme, ça touche, le monde, par le corps, parle-moi, ça vient, j’articule, ça ferme, ça danse, dedans, regarde, dedans, les yeux fermés s’ouvrent et te regardent. A chaque fois c’est un mot. A chaque fois c’est la naissance d’un mot. Un mot : qui ne sort pas, qui veut sortir, c’est mama le mot, le mot qui ne sort pas c’est mmmmot, le mot qui veut sortir, c’est le mot mot – mais qui donc ici veut sortir ? Il y a quelqu’un qui veut sortir ? Quelque chose qui ? A chaque séquence, un mot porte la séquence. Qui porte la séquence ? Qui l’apporte ? Un mot t’apporte une séquence. La séquence apporte un mot. La saturation par les mots : apparition ou disparition d’un mot. Le mot d’une autre séquence. D’un autre temps. D’une autre époque. Un souvenir. Le corps d’alors. L’objet : d’une autre séquence. Le dessin : aurait-il lieu en direct. En même temps que la danse, le dessin se fait. Ça sort par la bouche ou par le sexe. Ça sort par un trou. Les yeux. Les oreilles. Le nez. Ça se cogne à l’intérieur contre les parois. Ça veut sortir par le bout du bras, par la main, par le sein, par le genou, le coude, le cou. Est-ce que ça a besoin d’un trou pour sortir. [Je suis derrière, ou je suis devant ?] Ça ne sort pas : ça en déplace le corps. Si ça sort : le corps n’est plus emporté par. Ce sont des morceaux du mot qui sortent. LE GROS DU MOT RESTE DEDANS. Au dehors le tonnerre gronde. Le silence dans la pièce. Dans la pièce : le seul son du corps, du souffle. Et dehors le calme et le tonnerre de temps en temps : cette ponctuation extérieure. Secouer ce cou et ça coupe. Un tendre. Des tendres. Détendre. Couler. Couper ce cou. Couper secoue. Les sons des boutons des machines, des platines. Le son qu’on entend au casque. Comme d’autres plans sonores. Les sons des boutons des machines : le son du réel. Et ça te projette enfin en tel point de l’espace et là la parole sort et ton corps est immobilisé, tendu dans la posture là où la parole sort et se dit : et le corps n’est plus animé par ce qui vit dedans et veut en sortir. La parole : comme vie du corps hors du corps. La vie de ton corps hors de ton corps. Le lâcher. Quand la phrase, l’énergie, est sortie, le corps n’est plus animée par elle qui veut sortir, elle est sortie. La voie, la voix de sortie trouvée. Le corps est calme alors. Ass. Assez. Assis. Assaut. Ça veut sortir. Ce sont les mots dans le désordre qui sortent. D’abord. Seulement les initiales des mots. Les premières lettres. Les commencements. Les premières lettres des premiers mots de la première phrase. Il ne faut absolument pas que l’on voit la tête dépasser. Transformer toutes les négations en affirmation. Les empêchements en mouvements. Devenir affirmatif. La main dans le dos bat comme un cœur. ABC. L’espace est vide. Pas la même image si l’on commence dans le noir ou dans la lumière. Blague du jour. Première image : le noir : rien voir. Ou première image : être face à l’espace vide de présence des corps. Puis, vient le corps. Puis, viennent les corps. ABC. L’espace est vide. Le réel, et l’image projetée dans le réel. Ça va commencer où. Ça va s’animer où. ‘’Là, dans l’image, je n’y suis pas’’. Quelque chose d’assez inquiétant : tu pourrais être dans l’image. Au début, il n’y a que l’image. Au début, il n’y a que le réel. Au début, tout est dans le noir. Au début. Tu colles les feuilles sur le réel. Tu colles les feuilles sur l’image. Tu nommes. Tu nommes ce qui est, ce que tu vois, ce que tu éprouves, ce dont tu te souviens. Tu touches. Tu touches ce qui est, ce que tu vois, ce que tu éprouves, ce dont tu te souviens. L’image. Le réel. La scène ‘’orientation’’ : pas la même selon qu’elle se déroule avec ou sans l’image. Plusieurs versions. Plusieurs séquences. Plusieurs lettres. 26 lettres. 26 mots. 26 séquences, dont certaines variations d’une même : dont le titre serait différent en fonction de ce qu’elle pointe précisément de différent, par sa variation. Orienter. Nommer. Toucher. Réel. Image. Avec ou sans la lumière sur le réel. Jeu avec l’image. Jeu avec le réel. Jeu avec le lieu. Des séquences avec début et fin cut : avec le titre et la lettre projetés, au début. Fin de séquence. Noir. Projection de la lettre-titre. Début de la séquence suivante. Séquence. Noir. Etc. Autoportrait : un texte off en même temps. Ou pas. Deux variantes. Que ça ait lieu en direct. Filmage en direct et diffusion en direct. Ou. Et. Filmage en direct et diffusion d’un autre autoportrait. Celui de la veille, par exemple. Variante. Titre. Direct. Différé. Hier. Aujourd’hui. Face à. De Dos. Profil. Que ça ait lieu en direct, Katja bord scène, face au public, et l’image projetée en grand sur le mur du fond, cette idée simple continue de me plaire. Pour sa simplicité même. Le corps réel et son échelle vraie en premier plan, là, devant, et au fond l’image projetée. Et cette image, là, dans une autre séquence : est-ce imagination, est-ce un souvenir, est-ce l’image du réel d’hier, est-ce en direct. Des variantes. La maquette du décor. La filmer. La projeter. La maquette du décor comme seul décor. Avoir vu. Voir. Voir ce que tu ne peux pas voir. Le ‘’vu-de-haut’’. C’est en train de se faire pendant que tu le regardes. [Et pourtant c’est autre chose que je vois / un trouble / entre ce que je vois dans le réel / et l’image projetée qui semble bien être pourtant l’image de ce réel que je vois là / et pourtant]. Tu regardes quoi : ce qui ce fait, ou l’image qui montre ce qui se fait. Les mots disent ce qui a lieu. Ce qui a eu lieu. Ce temps différé. Ce temps présent. Le corps comme le seul lieu du temps présent. Avoir : lieu. Etre : lieu. C’est d’abord l’imagination que l’on voit, d’abord le plan, d’abord le dessin, le dessein, ensuite le réel. Ah bon ? Qu’est-ce qu’on en fait de cet espace de liberté, devant. Qu’est-ce que j’en fais de ma liberté, dedans. Qu’est-ce qu’il a à dire, le corps. Qu’est-ce que le corps dit d’autre qu’il est le seul à pouvoir dire. Quoi d’autre que la libération-par-la-danse. Mot. Mouvement. Impulsion. Restaurant asiatique. 21 avril 2008, le soir, après une journée de studio. Rue Saint-Malo. Rennes. Emprisonnée derrière le guichet. Attendre. Répondre à ceux qui viennent. Ma fonction. Répondre en mon seul nom. Tous les corps à laisser. Une liberté seule, une seule, qu’est-ce que j’en fais avec un seul corps. Et le corps de l’autre, on en parle ? Le corps : c’est l’autre. Qu’est-ce qui est présent dans le corps. Qu’est-ce que le corps a envie de transmettre. Je suis un corps. J’ai un corps. Je suis un lieu. De la pensée. Aussi. J’ai à penser. Aussi. Un lieu. Pour le corps. Le corps : c’est l’autre. Et quand le corps est vidée de charge, calme, apaisé, libre : ne plus devoir [soudain] prouver, juste être, là. Et bouger un petit peu. Le corps alors ne veut plus raconter : il est là. Tu épuises jusqu’au vide. Espace vide. Plus de projection. Plus d’images. Plus de volonté. Le désir au présent. Et la chaise est placée face à la table de SK. 22 avril 2008. Studio. KF assise sur la chaise face à SK debout derrière sa table. Le silence de l’image où rien ne bouge. Le silence d’une image. Le bruit d’une image. Se lever de la chaise, y retourner. Poser les fesses, juste poser les fesses, juste toucher des fesses la matière de la chaise. Pas même le geste de s’asseoir, le geste de toucher. Par les fesses. Repartir. La chaise est un aimant comme un point de départ où revenir pour [mieux ? toujours ?] repartir. Point de rebond. Point de repère. Comme la porte par laquelle tu entres : elle est le point d’origine de ton entrée en ce lieu. Comme la table est un point d’attirance, d’aimantation. Point à dépasser. Point à franchir. Point à quitter. Point de départ. Les points, dans l’espace. Les points, dans le corps. Le corps, dans l’espace, passe par les points placés dans l’espace tels les points à l’intérieur du corps par lesquels passe l’énergie, la phrase, qui veut sortir du corps. Le corps veut-il quitter cet espace. ABC. AP. OQP. G (j’ai). C (c’est). T (t’es). TOQP. TAP. TDCD. C. AC. GCD (CDG, aéroport). Il ACD. CAP. CAC. CFMR. GAP. GOQP (un corps, un espace). H. GU (un corps). [affirmer = parler au présent]. LM (un corps). N. CO. CBA. CABC. CO. C. CT. Ce sera. Ça est. G (gai). GAJ. GAI (j’ai haï, je suis gai). N. iot. J. GOT (oh my god). G. GT. Je suis. GTT. GAT. LMAC. LAUAC. LA. LAMFR. U = ou. U = yoU. JV. GVQ. Je vis. Je vois. Double you. GU. J’ai eu un double toi. Toi. T. Tais-toi. Non, je parle. DIRE OUI. T. Toit. Toi, t’es mon double-you. Mon double toit. Ma maison toi. Double you. JV. A. La première lettre. Le son qui dit. Ah. Exclamatif. Interrogatif. Dubitatif. Et pour euh. Aussi. U pour you, pour ou, pour où. Toi. Oder. Where. Par la découverte des lettres une à une, par l’assemblage de certains sons, de certaines lettres, qui crée du sens : la naissance du langage. Le corps qui amorce les premiers mouvements, qui les reprend, et qui, pareil avec le langage. L’apprentissage du corps, de l’espace et de la langue. Oui. Mais dans quelle langue vais-je donc parler. Langue maternelle. Langue d’origine. Corps d’origine. Espace d’origine. Langue présente. Espace et corps présents. Un corps présent. Combien de langues. Un geste par lettre. J’apprends mon alphabet. J’invente mon vocabulaire. Je l’écris. Mon langage. Le langage de quel lâcher. Nommer l’espace. Energie, mot, phrase, qui cherche une sortie. Un geste, une lettre. Une lettre, un geste. La lettre et le geste : à la chaise. La lettre et le geste : dans l’espace. Quel lâcher. Quel abandon. Pour que ça puisse repartir. Il faut que ça sorte du corps. Il faut franchir ce guichet. Il faut aller. Je vais. V. Double V. Je vais double, je vais, je vais deux fois. Deux fois à la suite, l’une après l’autre. Deux fois en même temps. Je vais. Double V. You. Double you. Des tremblements dans les jambes. L’intention de se lever. L’allant, et ça retombe. La nécessité de te lever. Mais pourquoi, pour quoi, vers quoi. Seule la nécessité de te lever est certaine. Implacable. Incessante. Elle motive le mouvement du corps. Le corps se lève. Mais une fois levé, une fois le corps emballé dans le mouvement devant : où aller, il ne continue pas, il revient à la chaise, se rassoit à la chaise, là où à nouveau la nécessité de te lever anime le mouvement et le corps. Ta nécessité n’est pas la nécessité de ton corps. Toi. Le mouvement et le corps. Double vais. Double toi. Double-toi par la droite ou par la gauche : dépasse-toi. Qui parle disant ces mots ? La lettre. Dans l’espace. La lettre. A la chaise. Un commencement. Le lieu du commencement. Comment se meut le corps en la suite du mouvement commencé. Comment c’est la question d’un corps dont le mouvement cherche la suite dans le lieu : entre fixer et continuer sans fixer jamais : entre tenir et se mouvoir. Entretenir. S’occuper de. Prendre soin. Parler avec. Un commencement. Par la création d’un vocabulaire. Par le parcours de l’espace. Par l’alphabet. Par la désignation du monde. Par la nomination du monde. Des mots : sur les choses. Nommer. Donner des noms : aux choses. Donner des noms : aux lieux. Nommer les êtres. Revivre les souvenirs au présent du jour. Revivre = vivre à neuf. Nommer le monde. S’orienter. Tu comprends : par le corps. Par l’alphabet. Par le vocabulaire de ton corps, de ta langue, de tes langues. Les langues entremêlées de KF au présent du jour. KO. Essayer l’autre sens. OK. Entendre autre chose. Chaos contre okay. Chaos : pas de sens. Okay : je dis oui et disant oui je vais. Ça ne suffit pas. Continuer. Ce mouvement. Un point, qui part, et tu essayes de le rattraper. La main, le mouvement de la main qui entraîne tout le corps. W. par exemple. Une lettre. Par exemple W. Selon que tu la dis en français, en allemand, en anglais, en espagnol : ce n’est pas le même mouvement. Avoir un style. Avoir un passé. Avoir une mémoire inscrite dans le corps. Les mouvements exprimés par le corps sont des traces de la mémoire qui parle. Reconnaître les récurrences. Maîtriser. Ne pas maîtriser. Laisser venir. Réécrire du neuf avec l’ancien venu, revenu. Regarde. Il n’est plus du tout le même. Maintenant. Pourtant reconnaissable encore. Tout autre et reconnaissable. Proposer, autre chose, à mon corps. Un. Toi. T. Toit. Toi, t’es. Mon double-you. Mon double toit, ma maison. Toi. Double you, j’y vais. Plutôt dire deux fois. Dans la crainte de n’avoir pas dit. Dans la crainte de n’avoir pas été entendu. Et sans la crainte : ça donne quoi ? Une feuille collé sur une chaise, sur la feuille est écrit ‘’ici la chaise’’. Décoller la feuille de la chaise et la coller sur le dessin projeté sur l’écran. Absence de chaise sur le dessin. Les mots écrits d’un objet absent. Tu désignes : ce dont tu te souviens. Tu désignes : ce que tu imagines. Tu désignes ce que tu vois. Cela : tu ne sais pas où le coller : tu le colles sur ton propre corps. Tu colles la feuille sur le dessin du tabouret puis tu déplaces le dessin et la feuille désignant le tabouret est sur le dessin de la table et désigne alors la table. Ce qui désigne c’est le mot, l’inscription par les mots. Ce qui désigne c’est le contact établi avec l’objet désigné. Ce qui est écrit passe d’un objet à un autre objet. Les objets. Tu arrives masquée par des feuilles. Des feuilles blanches devant le visage. Tu dis ce que ça consomme. L’électricité. Dans cette pièce. Tu dis ce que ça supporte. Ce que le sol peut supporter. Le poids que le sol de cette pièce peut supporter. Ce que toi. Tu peux. Supporter. Ce que ça. Ne supporte pas. Je ne suis pas un dj. Je suis un exécutant. Je ne suis pas un écrivain. Je suis un exécutant. Je ne suis pas une historienne. Je suis une exécutante. Je ne suis pas un plasticien. Je suis un exécutant. Je ne suis pas une danseuse. Je suis une exécutante. Je suis un dj. Je suis un écrivain. Je suis une historienne. Je suis un plasticien. Je suis une danseuse. Je suis. Une femme. Un homme. Avant. Tout. Je. Nous. Affirmant. Désignant. Inscrivant. Nos corps. Dans. L’espace. Faire un tour. Transition. Combien de corps. Combien de chambres. SI TU ES LÀ TU ES LÀ POUR LÀ OÙ TU ES. Attention. A CE QU’ON NE VOIT PAS. Faire très attention à tout ce qu’on ne voit pas. Faire. Attention. Créer l’attention. Etre attentif à l’absence. Etre ouvert à la venue. Attention. A CE QU’ON NE VOIT PAS la tête de dessous le guichet. Il faut vraiment que l’on ne la voit absolument pas dépasser. Se fourrer la tête au maximum sous le guichet. 15:56:18. 9610*. Quelque chose de toi se souvient. Tu désignes l’endroit là-bas où tes doigts ont pressé cinq fois une touche, cinq touches du clavier. As-tu utilisé un doigt par touche. La lumière : c’est ici. C’est parce que tu désignes l’espace au sol qu’il existe. C’est parce que le sol existe que tu le désignes. C’est parce que tu désignes la lumière que la lumière existe. C’est parce que la lumière est là que tu désignes la lumière. C’est parce que tu vois ceci ou cela que tu le désignes. Tu nommes les machines de SK. Tu désignes la machine ou l’objet, et c’est SK qui répond. Le son de numérotation du téléphone dans la musique : oui. Parce qu’on l’entend mais qu’il ne prend pas la première place, le devant. Pas utile que tu désignes la perruque : en la montrant du doigt. C’est parce que (et par ce que) tu vois que tu désignes. C’est parce que tu te souviens que tu désignes. Montrer du doigt. Ne pas montrer du doigt. L’enfant qui montre du doigt. On ne montre pas du doigt. F. La lettre F. Au centre. Préciser le point devant la porte, là où tu reviens, là où tu viens dire : et si je prends du recul. T’y es-tu arrêtée quand tu es entrée, quand tu es arrivée. Tu dis ‘’A’’ en regardant la perruque. Tu regardes la perruque. Ton visage est face à la perruque sans face. Puis. La perruque ET la tête se tournent comme d’un même mouvement : face public. Oui. Dissocier parole et mouvement. Tu dis ‘’assistante bilingue à votre service’’. Puis. Tu fais le mouvement de mettre la perruque. C’est quoi cette volonté de faire du bruit avec la perruque et le bras du micro. Que le bruit apparaisse parce qu’il y a nécessité de prendre la perruque, oui, mais là (une fois, puis une autre fois) on voit la volonté de créer le bruit et non plus de prendre la perruque. La volonté : c’est prendre la perruque. La découvrir en la touchant. Hésiter ou pas à la prendre. Peut-être. Etc. La perruque blonde. Berlin Alexanderplatz. Il faut vraiment que ce soit un surgissement du souvenir. Comme si quelque chose de physique-chimique se passait au moment où ton crâne entrait en contact avec la surface intérieur de la perruque. Comme une connexion qui aurait lieu et qui provoquerait la projection de l’image devant toi : Berlin, Alexanderplatz. ‘’Obstacle’’, tu le dis en regardant le guichet, la première fois. ‘’Obstacle’’, tu le dis en regardant au-delà du guichet (en regardant SK, dans le silence ?), la seconde fois. 16:27:15. Hésitation : où je la colle, cette feuille ? Oui. C’est parce que tu vois la lumière en carré au sol que tu es attirée par là et que c’est ça que tu désignes alors. N’hésite pas à rester plus longtemps sur la feuille dans la lumière et sous les applaudissements. Pourquoi se priver de ce moment ENORME. Hésitation. N’hésite pas. La rousse. Et si tu prends du recul. Que le tutoiement soit vraiment une adresse que tu te fais à toi-même. [Pour le son, là : et si c’était un silence cut et non un fondu ?] Silence. Et si tu prends du recul, est-ce que tu franchis plus facilement l’obstacle. Un temps. Fin de la fin de la séquence. Rupture. Pause. Tu vas à la table t’installer pour la pause. ‘’Assistante bilingue à votre service’’/ musique / ‘’assistante bilingue à votre service’’ / musique : trouver quelque chose de moins carré, moins binaire, moins régulier, moins calé sur le rythme de la musique. Assistante. Bilingue. A. Votre service. A. Beuh ? Bé, oui. Bi, oui. Beuh, le son ‘’beuh’’ : effet de caricature d’apprentissage du langage par l’enfant. Dissocier parole et mouvement. Ne pas parler quand tu mets la perruque. Quand tu mets la perruque, tu mets la perruque. Quand tu parles, tu parles avec la perruque. Parler quand l’image est formée. Parler : à une image. Parler : dans une image. Oui c’est ça je crois. Si tu parles quand tu mets la perruque, c’est avec le mouvement même de mettre la perruque alors que tu parles, c’est un tout, une seule chose, et non deux qui se brouillent l’une l’autre. Hypothèses. Vraiment marquer la fin de la séquence pour ALLER à la suivante. Pas de transition. Des cut. Si la phrase ‘’recul-obstacle’’ est dite dans le silence : que le silence arrive d’un coup. Pas de fondu. Et là, c’est qui. Un temps. Musique. ‘’Et là, c’est qui’’, tu le dis en regardant la perruque, pas le public. ‘’Si je prends du recul’’, le dire au plus neutre. Le stylo dans la bouche, pour la rousse, est-ce vraiment la peine. Elle est plutôt du genre allumée, la rousse. Cette fille peut faire n’importe quoi à tout moment. Elle s’amuse. Elle prend du plaisir. Elle peut faire n’importe quoi, elle fait ce qu’elle veut. Les feuilles que tu ramènes vers toi PUIS que tu jettes ensuite devant : étrange. Obstacle 2. Fin de la phrase. Un temps. Cut. Déplacement vers la table. Mise en place à la table. Séquence suivante. Pause-Hawaï. Le micro gêne : il est devant ton visage. La robe accrochée au bras du micro : elle masque ton visage. C’est sous la table que la rousse disparaissait. Là même où elle apparaissait. Faire. Quoi faire. Après la pause. Un néon, derrière l’écran : on a l’impression que c’est une phrase floue. L’apparition de la phrase. Comment le blanc, visible, abstrait, deviendrait une forme, une phrase, un texte. Infiniment lentement le passage d’un écran blanc à la lisibilité d’une phrase ou d’un texte. Un texte illisible tant il serait dense, tant les mots seraient tellement serrés. Un texte, qui ne serait lisible qu’après la représentation, en s’approchant de l’écran après la représentation. Pendant, on voit que ce sont des mots qui se font lisibles, mais il faudra monter sur scène, après, pour pouvoir lire. La surprise que se paye le corps : il grimpe sur le guichet comme sans s’en rendre compte, comme sans intention de faire ça comme ça, tu te retrouves sur le guichet, sur les pointes, côté cour de la table, et non côté jardin là où visiblement tu essayais d’arriver, et au bord, juste au bord, oh, j’y suis. Si la désignation de l’espace sur le dessin vient après une première désignation réelle et à la suite d’un enchaînement d’autres séquences, alors, le mot, c’est : réorientation, ou souvenir, ou revisitation. Je me souviens du vécu ici : 150 kg par m². 150 kg = le poids de deux corps adultes (+ celui d’un enfant, selon le poids des deux corps adultes). Tu écris sur la feuille pour aller la coller sur l’écran. Puis au sol, tu vois la feuille qui désigne le vrai sol. Tu vas prendre la feuille au sol. Tu la décolles. Tu vas la coller sur l’image. Tu fais quoi de la feuille que tu viens d’écrire. Pourquoi actionner le ventilateur. Parce que c’est la fin et que tu as eu bien chaud. Une raison pour que ce ventilateur tourne. Pourquoi ce ventilateur. Hormis la référence au radeau. Pourquoi ce ventilateur aujourd’hui. Préfiguration (désigner l’espace : d’abord sur l’image). Orientation (désigner l’espace : dans et avec le réel de l’espace. Remémoration (désigner l’espace : sur l’image, après l’expérience du réel). Imagination (liée à une expérience antérieure non vue par le public mais vécue et oublié par KF ?). Des objets absents sur le dessin et qui pourtant sont nommés - écrits sur feuille. La perruque, autres choses encore. Aller voir La Voilerie. Y être 15-18 jours entre août et fin septembre 2008. 9-11 avril 2008, le Triangle. 5 jours du 21 au 25 avril 2008, au CCNRB. 5 jours du 15 au 23 mai 2008, festival Agitato. 1 cachet pour 2 jours travaillés. Des droits d’auteur. Salaire régime général. Intermittence. 16-23 février 2009, Lorient. Eventuel retour à La Voilerie. Tu vois les pieds nus, et alors tu dis : ‘’il me manque les chaussures’’, et en même temps te revient l’image. Toi enfant. Sauter sur le lit. Te cogner le front. Ça, c’est quoi. Ça = le souvenir. Et là, c’est qui ? Là = un lieu = quelqu’un. Le souvenir de l’accident sur le lit, Enfant, le récit que tu en fais sur la chaise, aujourd’hui. Autoportrait. Un texte. Très haché. Mot à mot. Le lit. Mon frère. On saute. Ça cogne. Ça me dégrise. Le sang. L’ambulance. L’hôpital. La couture. Là. Marquer le temps d’arrêt de la fin de la séquence ‘’tête-et-perruque-blonde’’. Quand tête et perruque sont contre la table. Un temps sans mouvement. Mais surtout : la soudaineté de la chute de la tête et de la perruque. Comme une marionnette soudain que l’on ne tient plus, que l’on n’anime plus, tout lâche : d’un coup. Que l’incise de la séquence ‘’écran-chambres-autoportrait’’ ne vienne pas à l’instant où KF est sur la table et avant la plongée, mais : après la plongée. Suspension. Silence au sol. Le vent. Incise ‘’écran-chambres-autoportrait’’, là. Essayer. Retour au sol, devant le guichet. Et si l’écran restait devant le guichet : on voit alors KF à travers l’écran. C’est parce que tu entres dans le carré de lumière au sol que les applaudissements viennent. C’est la lumière au sol qui te fait venir là, et alors : tu es dans la lumière, et alors : tu vois la lumière là-haut, et le projecteur, là-haut, la source de la lumière, l’origine de la lumière. Tu la colles où la feuille-‘’lumière’’ ? ‘’Assistante bilingue à votre service’’ / son / ‘’assistante bilingue à votre service’’ / 2 fois plus long le son / ‘’assistante bilingue à votre service’’. Pas la même durée de son, pas trop carré. Casser le rythme interne à la musique ? Tu touches la cicatrice et tu vas à la perruque. Tu mets la perruque : et surgit le souvenir. Tu touches la cicatrice : et surgit le souvenir. Tu vois les pieds nus : et surgit le souvenir. Que la chute tête-et-perruque soit hyper-soudaine, hyper-brusque. Quand tu reviens au guichet, après l’incise de la séquence ‘’lettres-alphabet’’, est-ce que tu reviens à la même place et alors tu reprends la même position. Soit oui : à la même place exactement dans la même position (interruption séquence / incise / reprise séquence). Soit non : tu te glisses dans le temps présent. Il n’y a que du présent. Tout est au présent. Le temps présent. Les souvenirs. La projection. Tu mets la perruque (blonde) et tu parles au présent : ‘’à Berlin, ici, se trouve la tour’’, tu es à Berlin, tu mets la perruque et IMMEDIATEMENT dès qu’elle touche ton crâne par sa membrane intérieure, le souvenir surgit et t’emballe : tu es dedans : au présent, totalement dans le lieu, tu en parles au présent. Le texte lui aussi n’utiliserait que le présent. REPÉRER CE POINT, LÀ-BAS, UN SEUL, DEVANT LA PORTE. Est-ce que tu t’y arrêtes en entrant. Est-ce que tu franchis plus facilement l’obstacle. Derrière le guichet tu enlèves la perruque rousse, à l’abri des regards de tous, tu enlèves la perruque rousse, là, SANS QU’ON TE VOIT. Le faire. Faire. Un. Tour. Sur. La tour. Là. La première fois que tu la montres. A ce moment là. Ce n’est pas un souvenir, non : elle est vraiment là, à Rennes, aujourd’hui : TU LA VOIS. Si tu ouvres la fenêtre : elle est là. TU VOIS CE QUE L’ON NE VOIT PAS. MONTRER L’INVISIBLE. Les souvenirs : s’incarnent au présent du corps : ils sont là. Séquence ‘’autoportrait-cicatrice’’, et ensuite séquence ‘’yoddel-Nina Hagen’’ : deux moments forts trop rapprochés ? LA SURPRISE (JOIE D’ENFANT) (un temps de suspension) D’ÊTRE SUR LE GUICHET : y arriver d’une manière qui te surprend, PAR LÀ OÙ TU NE T’Y ATTENDAIS PAS. Est-ce que le mètre carré éclairé, ce ne serait pas le lieu depuis lequel tu parles et t’adresses à SK. A la fois distance, et lien fort par la lumière. Une adresse faite dans la lumière. Dans un mètre carré de lumière.



[29 octobre 2008]